Le mobilier urbain résiste mal, dégradé, tagué, saccagé.
Avec son panier neuf et ses beaux souliers,
elle est seulement enrhumée.
Un jour, j’arriverai peut-être
à formuler ce qui m’inquiète
et me pousse inlassablement
à photographier des gens.
Pour lire un texte, il faut y consacrer un minimum de temps,
le temps de le parcourir.
Pour voir un film, il faut y consacrer un minimum de temps,
le temps de son déroulement.
La photo n’impose ni parcours ni durée.
A vous de voir !
D’après Roland Barthes, une photographie s’analyse en termes de Studium, de Punctum, et de Ca a été.
Le Studium, c’est la scène qui est représentée, ici trois hommes installés à la terrase d’un café, un café où l’on vend des journaux et des magazines, chacun a son activité, sa posture, mais aussi sa coiffure, sa tenue vestimentaire. La situation est évidemment contingente.
Le Punctum, c’est le détail qui touche le Spectator, qui le Pointe comme une flèche, ça peut être le mobilier urbain du premier plan, le cendrier colonne, les chaises inoccupées. Ils sont le fait du hasard, Ils sont là, inévitables pour l’Operator.
Ca a été, c’est indéniable, on peut même identifier les sujets s’ils font partie d’un cercle de connaissances ou s’ils ont une certaine notoriété.
Son vélo n’avait rien d’extraordinaire, utilitaire, sans dérailleur.
Son jean, trop long trop large, avait déjà beaucoup servi, son polaire négligemment porté par son sac en bandoulière ne semblait pas du dernier cri. Les revers écossais de sa chemise découvraient des mains larges et molles.
Il roulait, transportant une lettre et passait presque inaperçu.
L’amateur est supérieur à celui qui crée. Les Chinois, eux, le savaient, qui mettaient plus haut que le jardinier celui qui est capable d’apprécier le jardin. L’homme qui sait comment il convient de jouir de la vie et des créations des autres hommes est l’artiste suprême.
Clara Malraux citant André
Certains disent que le geste est parfait lorsqu’il est exécuté
à l’insu du photographié.
D’autres prétendent que sans consentement du sujet,
la photographie est volée.
Bravo Stef mais comment tu fais pour écrire de si beaux textes, tu es inspiré! Tu es vraiment un photopoète yapa photo.
D’accord avec M.D.R ! le risque du commentaire c’est d’enfermer l’oeuvre dans la vision du commentateur mais dans ton cas c’est au contraire une ouverture et une cerise sur le gâteau.
Je ne résiste pas au plaisir de citer M.J.Frreidlander à propos de l’amateurisme dans « de l’art et du connaisseur » :
« En face de l’art les intellectuels sont la plupart du temps aveugles et les artistes muets. Reste seul capable de vision intérieure et de compréhension plus profonde le spectateur pourvu de dons artistiques mais improductif. Création et contemplation artistique ont plus de traits communs qu’on ne l’admet généralement »
Un grand merci Vivi pour tes commentaires. J’aime particulièrement ce que tu cites :
« Création et contemplation artistique ont plus de traits communs qu’on ne l’admet généralement ».